Adresser les nouvelles générations pour mieux préparer l’avenir des musées

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Les musées et institutions culturelles en tout genre commencent à tourner la page de la crise sanitaire pour se projeter vers une exploitation pérenne du digital. Le terme exploitation n’est pas fortuit mais fait référence à la capacité des organisations culturelles qu’elles soient publiques ou privées de considérer le digital comme un vecteur de valorisation et un passage obligé pour être toujours là demain.

Demain ne sera pas comme hier

Il est révolu le temps où l’on ressassait à qui voulait bien l’entendre que la crise sanitaire n’avait rien apporté mais à accélérer la mise en œuvre d’initiatives déjà lancées. Force est de constater dorénavant que l’expérience muséale doit se réinventer en profondeur pour s’adapter aux nouvelles générations.

Après l’engouement vif de retrouver l’expérience « physique » du contact direct avec les œuvres et plusieurs mois de privation, il ne faut pas s’attendre à enregistrer une croissance forte du nombre de visiteurs dans les musées par rapport à l’avant crise. Bien au contraire.

Car la génération Z est désormais celle qu’il faut séduire. Biberonnée à coup d’Internet, de smartphones, de réseaux sociaux, de vidéos ou de messagerie instantanée ; cette génération ne consommera de la culture que si cette dernière répond à ses codes, ses pratiques ; en d’autres mots parle le même langage.

Il ne faut pas avoir fait les Beaux-Arts option sociologie pour comprendre que la proposition de valeur des musées est encore loin du compte. La queue à l’extérieur pour entrer dans un musée déjà bondé est en la matière symptomatique. « Mais il faut bien rentabiliser les expositions », s’époumoneront les conservateurs épaulés par leurs responsables financiers. Et on reviendra une fois n’est pas coutume à des discussions interminables à celui qui a la plus grosse … affluence. Mais ces calculs ont fait leur temps et seront rapidement supplantés par l’indicateur du nombre d’interactions sur les réseaux sociaux et de du nombre de  visites payantes sur des plateformes proposant des contenus digitalisés.

Les qualificatifs pour caractériser ce que doit être l’expérience muséale de demain sont pléthores mais tous convergent vers quelques concepts clés qu’il faut cocher pour espérer sortir du lot : Immédiateté, Immersion, Interaction, Partage, Contenu, Distance, Acteur de son expérience

Des initiatives pas toujours pertinentes

A la faveur de la crise sanitaire, les musées ont beaucoup investi dans les visites virtuelles en privilégiant parfois les solutions les plus économiques. C’est mieux que rien mais appuyer frénétiquement sur une souris ou un écran pour avancer dans des couloirs et se retrouver devant une œuvre mal cadrée et floue est une expérience qui s’apparente davantage à de la régression qu’à du progrès. Car non, les musées ne sont pas des appartements à louer ou à vendre que l’on visite et les œuvres d’art des objets décoratifs pour faire du home staging. La monétisation de ce type d’expérience est nulle. Et pourtant le nœud du problème est là. Quelle monétisation pour mon offre digitale qui me permettra à terme, dans le pire des cas, de limiter la casse liée à la réduction de la fréquentation ou, si on adopte une posture plus optimiste, de développer l’attractivité auprès de nouvelles populations.

Les acteurs du gaming  ont commencé à flairer le bon coup car ils cochent un certain nombre de ces mots clés. Cependant une exposition d’art n’est pas un jeu vidéo et le caractère éphémère des expositions les rend incompatibles avec des coûts de développement importants pour un rendu exceptionnel. N’oublions pas que les caisses sont vides et qu’une dette abyssale sera à rembourser sur les décennies à venir. Alors que faire ?

Orientations

A notre avis la solution pertinente reste à imaginer. Comme dans toutes ces situations inextricables, le mieux à faire est de commencer à requestionner le caractère inamovible de certaines pratiques, lever des contraintes et réfléchir autrement.

  • Les expositions permanentes et temporaires sont-elles les seuls formats possibles de valorisation des œuvres ?
  • La scénographie muséale ne s’applique-t-elle qu’à un environnement physique ?
  • La scénographie doit-elle s’adapter aux nouvelles générations ?
  • Les solutions digitales à usage distanciel sont-elles uniquement destinées à attirer les visiteurs à venir au musée ou donner accès à du contenu en période de fermeture
  • L’art est-il à prendre systématiquement au sérieux ?
  • Musée n’est-il pas un parc d’attraction comme un autre ?
  • La convergence de la plateformisation digitale et des musées est-elle inenvisageable ?
  • Une consommation de l’art à la demande est-il néfaste pour l’image de marque des musées ?
  • Intégrer des nouvelles technologies à des œuvres pour les rendre plus interactives et moins statiques est-il un crime de l’aise majesté ?
  • Le développement d’une offre premium digitale à distance et monétisable auprès d’une population plus large ne pourrait-elle pas devenir rentable ?

Nous laissons ces questions alimenter votre imagination, certains que les réponses que vous y apporterez sauront bâtir les fondations des solutions de demain.

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